Petite histoire de la création d’un univers

Ma formation autodidacte – partie 2

13 mai 2020

Note : vous trouverez des références pour vous former dans le dernier paragraphe.

Le monde de l’édition est juste!

Cette assertion peut vous paraitre surprenante — elle l’est pour moi. Néanmoins, elle mérite d’être complétée par une explication. Je vous avertis, on va parler un peu de théorie économique. Mais, je l’ai simplifié au maximum et les références sont en dessous pour ceux qui veulent aller plus loin.

Reprenons. Selon la théorie, au même titre que le lecteur, la maison d’édition est un acteur économique. La maison d’édition cherche à maximiser son bénéfice — à la hausse — sur ses écrivains. Le lecteur, quant à lui, cherche à maximiser le coût de ses lectures, en temps et en argent — à la baisse. Dès lors, toujours selon la théorie, chacun tendra à privilégier une œuvre de qualité. On parle alors de maximisation de l’utilité pour chaque acteur.

Une œuvre de qualité est dépendante d’une formation de qualité. C’est pourquoi, les lecteurs et les maisons d’édition privilégieront toujours le récit d’une personne qui possède une bonne formation en écriture, une bonne « cote » et qui a su utiliser son expérience et sa formation pour rédiger une œuvre de qualité.

En théorie, c’est ce qui explique que le monde de l’édition est juste. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais Jeremy Bentham et John Stuart Mill, pères fondateurs de la philosophie utilitariste.

Vous l’aurez compris, j’évoque cela dans la partie formation, car les maisons d’édition sont l’un des acteurs qui jugent de la qualité de la formation et de l’expérience acquises tout comme les lecteurs. C’était important pour moi de toujours bien de remettre dans le contexte pour comprendre les arcanes de la création d’un univers. 

Bien évidemment, cette théorie ne prend pas en compte le piston, les coups de cœur ou tous les autres biais qui tordent cette théorie. Les marchés économiques purs se trouvent que dans les livres d’économies.

Mon but était de vous souligner ici l’importance de la formation : de vous (dé) montrer qu’il y a une règle générale qui régit le succès (ou plutôt la possibilité d’être lu, de manière plus modeste).

Si vous êtes d’accord, je peux rapidement conclure qu’il y a donc peu de chance que vous soyez lu à grande échelle sans formation. Et si cette chance arrive plus vite que prévu, une bonne formation vous permettra de perdurer.

Bref.

Je pense que le message est passé. Et si ce n’est pas le cas, gardez à l’esprit que vous avez lu mes motivations à me former en plus de l’intérêt de base que je porte à la chose.

Et si j’écris pour moi ?

Hé bien, il n’y a pas besoin de formation. Heureusement. Mais si vous avez continué à lire ce témoignage, je considère que vous faites partie de ceux qui aimeraient être lus. Dès lors, si un récit est bon aux yeux de vos lecteurs ou des maisons d’édition, c’est qu’il y a de grandes chances que vos ressources soient suffisantes : Aka votre formation d’écrivain.

Mon parcours de formation point par point.

Dans ce paragraphe, je vais parler uniquement de mon parcours littéraire et ma formation à l’écriture. Comme vous l’avez déjà lu, je suis avant tout un grand lecteur. J’ai toujours eu en tête d’écrire, mais jusqu’alors, je n’avais rien à raconter que je trouvais intéressant, palpitant ou inédit. Dès lors, je ne voyais pas l’intérêt jusqu’à présent de prendre autant de temps à écrire sur un sujet qui n’emporte pas le lecteur loin dans ses retranchements.

Mon téléphone portable et une motivation sans faille.

Vous avez pu le lire au chapitre précédent, c’est en très résumé ce qui a été la base de ma formation. C’est par choix que j’ai commencé à écrire sans formation ou lecture préalable L’Épopée de Lars & Aatos : pas une lecture de livres ou de blog, pas d’échange avec d’autres auteurs, rien, nada. Je voulais réaliser l’exercice sans formation de base en utilisant uniquement mon bon sens et mes lectures passées. Je voulais voir mon potentiel brut.

Je suis tombé dans tous les pièges.

Que ce soit le personnage principal qui est mis en arrière au profit de son allié, le fameux deus ex machina détestable, mais ô combien utile lorsqu’on se perd, le mélange de narration et de temps, les phrases écrites au passif, l’utilisation du discours négatif, une fin ratée qui tombe à plat, l’ajout de nouvelles informations cruciales sur la toute dernière partie ou encore un style lourd rempli de mots « pour faire bien », je suis tombédans tous les pièges. Pourtant, j’avais en ma possession le plus importante, le premier jet : la version 1.0 de L’Épopée de Lars & Aatos. Et la certitude que mon potentiel brut n’était pas suffisant.

Mon apprentissage qui découle de ce premier jet

Eh bien, j’ai acquis une base pour créer ma formation en autodidacte. Les quelque 64 000 mots rédigés sur mon téléphone portable m’ont permis d’avoir une matière tangible pour analyser mes erreurs. Tout n’était pas à jeter, mais il a fallu couper dans le tas et des milliers de mots — et d’heures de travail — sont partis à la trappe. Sans regret. À mes yeux, c’était le prix à payer pour une formation réussie. Joël Dicker dirait que « c’est le signe que le roman avance ». Après deux relectures — sur ordinateur cette fois-ci — complètes pour gommer un maximum d’incohérence, je suis parvenu à la version 3.0 forte de 66 000 mots. À noter que j’ai réécrit la moitié de ce nouveau jet. J’étais prêt à ouvrir ma porte pour reprendre le concept de Stephen King.

La première bêta-lecture a été révélatrice de mes erreurs de débutant.

Un ami d’armée en cours de formation d’auteur (il fait l’inverse de mon parcours en somme : d’abord une lecture boulimique des ouvrages consacrés au sujet de la création littéraire, puis de la rédaction) a répondu àmon appel de recherche de bêta-lecteur. Je lui ai envoyé les quelques 200 pages Words de la version 3.0 qu’il a transférée sur Google doc pour faire ses commentaires.

Et quelles corrections !

Il a passé des dizaines d’heures à reprendre point par point le premier jet de L’Épopée de Lars & Aatos. Il a fait ressortir une grosse majorité des faiblesses que j’ai pu citer ci-dessus et cela m’a donné un élan de motivation supplémentaire. Pourtant, il venait de souligner, avec pertinence, que la version 4.0 demanderait de déployer encore plus de courage et d’énergie que les trois premières versions. Je m’enfonçais dans les sables mouvants du roman : à certains moments, j’ai regretté de ne pas avoir commencé par une nouvelle.

Les louanges: entre source de motivations et oreiller de paresse.

De plus, j’ai aussi eu le retour d’un ami, grand lecteur depuis toujours, qui s’enthousiasmait pour mon récit. Même si je sais qu’il n’était pas objectif dans le sens qu’il ne connait pas les arcanes de la création littéraire dans ses détails, cela m’a fait un bien fou de recevoir ses encouragements.

À ce propos, j’ai d’ailleurs lu qu’il était néfaste de faire bêta-lire un récit par la famille et les amis pour des questions de pertinences et de subjectivité. Mais aussi pour ne pas se conforter dans son orgueil et sombrer dans la paresse intellectuelle. Quand il n’y a plus rien à apprendre, c’est que vous avez soit atteint le sommet de la stupidité, soit vous êtes devenu expert. Même dans le second cas — moins probable — commencera une quête d’apprentissage solitaire qui vous verra partir sur des chemins que personne n’a encore empruntés.

À ce stade de ma formation, lorsque je me sens « doué », je sais pertinemment que j’ai plus de chance de surfer sur le sommet de la stupidité que d’être devenu un expert. Mais je prends tout de même les compliments comme des encouragements, je ne vais tout de même pas cracher dessus. 

Et la famille proche, qu’est-ce qu’elle en pense?

Ma compagne a peur de lire un truc nul et s’oblige à attendre ma meilleure version pour ne pas être déçue, tandis que ma belle-mère, après avoir lu 6 chapitres de ma version 3.0, s’est arrêtée et m’a dit « tu sais, l’écriture, ce n’est vraiment pas facile ». En résumé : « T’es pas doué et il y a encore du taf », mais avec du tact. Je me considère chaque jour chanceux d’être entouré de personnes aussi bienveillantes, exigeantes et compétentes. Leur sincérité nourrit aussi ma volonté de faire mieux. Elles liront donc la version définitive de L’Épopée de Lars & Aatos.

Un travail de Sisyphe.

Pendant que Frédéric bêta-lisait la version 3.0, j’ai eu le temps de lire l’entier du blog de Stéphane Arnier, auteur, dramaturge et pédagogue hors pair. Ces premières lectures m’ont permis de commencer à construire la base de ma formation théorique en autodidacte. J’ai enchainé avec des vidéos trouvées sur YouTube sur le sujet, dont la très bonne playlist M.I.A et puis j’ai lu des ouvrages tels que Le travail du style de Antoine Albalat (qui reprend des jets antérieurs non publiés de certains classiques pour comparer l’évolution au travers des réécritures), On writing, de Stephen King, The element of Style de William Strunk, On writing well de William Zinsser, Écrire, écrire, pourquoi? … de Josyane Savigneau et Amélie Nothomb, Grimpez vers le top 100 de Jacques-Line Vaudroux, Comment devenir écrivain? … de Stéphane Ternoise ou encore L’anatomie du Scénario de John Truby, traduit par Muriel Levet.

En parallèle, j’ai lu deux fois, dans le détail, l’imposante bible de notre chère langue française, j’ai nommé Le bon usage (Le Grevisse) pour augmenter ma technique de rédaction pure.

Enfin, j’ai englouti des tonnes d’interviews d’auteurs de différents horizons trouvés partout sur le net (Nothomb, Werber, Lemaitre ou en regardant tous les épisodes de La grande Librairie) lorsque je n’avais plus envie de lire.

Un cercle vertueux est en place.

Après ces heures de théorie de tout style et de tous horizons — je ne conseille d’ailleurs pas toutes les références citées plus haut, mais sachez juste que je n’en regrette aucun —, je me suis attelé à la réécriture de la version 4.0 grâce aux commentaires de mon ami auteur.

Durant cette réécriture et grâce au travail théorique, je reconnus toute la puissance du cercle vertueux mis en place. Au fur et à mesure que je me documentais sur le sujet, je faisais des parallèles avec mon récit en cours. Puis, au fur et à mesure que je réécrivais, je faisais des parallèles avec la théorie. Je devais écrire un dialogue, paf, je retournais sur mes références classées avec soin. Un doute sur la narration omnisciente focalisée, pouf, un clic sur mes notes et je pouvais continuer. La rédaction de la version 4.0 a duré plusieurs centaines d’heures réparties sur trois mois.

Ce fut un mélange de fougue, de passions, de désillusions et de peines que je ne souhaite à personne : parvenu à la moitié de la version 4.0, j’avais la sensation d’avoir terminé mon baptême du feu, la sensation d’achèvement en plus.

Les groupes Facebook et les forums d’écriture.

En parallèle à la réécriture de la version 4.0 — dont la moitié était déjà en ligne sur www.b4vo.com — j’ai commencé à poster et interagir avec différents groupes d’auteurs et de lecteurs. Dans un désordre de promotions, de promotions et de revendications, j’ai découvert quelques personnes moins centrées sur elles-mêmes et prêtes pour un échange « normal ». Quatorze personnes ont lu la première partie de la version 4.0 disponible en ligne tandis que j’avais effectué cinq bêta-lectures « en échange ». D’ailleurs, ce dernier point, en plus de rendre service, sera un très bon entrainement pour voir si vous avez assimilé la théorie : je le conseille vivement. 

En fin de compte, il restera six rencontres très intéressantes issues de ces visites sur les différents groupes qui comptent plusieurs dizaines de milliers de personnes.

C’est pour cela que les diamants valent plus cher que la terre : il y en a moins et il faut se donner de la peine pour les trouver. Putain que c’est beau !

Putain que c’est ronflant, oui ! 

Fin de la version 4.0 et version 5,0

À la suite du retour de mon ami auteur et des différentes personnes rencontrées sur les communautés en ligne, j’avais suffisamment de matière pour rédiger la version 5.0. Mais pour éviter de partir dans tous les sens, j’ai pris le temps de réorganiser mes notes (j’utilise le logiciel Notion qui était destiné aux programmeurs informatiques dans un premier temps, mais qui permet une efficience inégalée à ce jour pour tous les créateurs de contenus dont les écrivains font partie depuis leur dernière mise à jour. Je vous en parlerai plus quelques chapitres plus loin.) De plus, j’ai pris le temps de repenser ma structure de fond en comble — sur le modèle organique proposé par John Truby pour me sortir des sables mouvants du roman.

À la suite de cela, j’ai repris la rédaction de la version 5.0 que j’ai proposée à différents bêta-lecteur dans mes amis proches. Puis, sur leurs retours, j’ai rédigé la version 6.0 proposée à un bêta-lecteur auteur cette fois-ci. Puis rédaction de la version 7.0 que j’ai mise en ligne sur le site www.b4vo.com à la place de la version 4.0.

J’ai promu cette version par différents moyens que je mentionnerai quelques chapitres plus loin (le marketing digital est l’un de mes métiers) pour obtenir encore des retours et à l’heure où je vous écris, je suis dans le courant de la rédaction de la version 8.0 qui comptera environ 100 000 mots.

Ouf ! vous êtes arrivé au bout de la lecture de ce dernier long paragraphe. Dans le prochain chapitre, je vous parlerai de ma « technique » pour trouver le temps d’écrire et d’intégrer les remarques des bêta-lecteurs, l’importance d’une première carrière et j’essaierai de trouver les bons mots pour vous parler de ma motivation et de ma ténacité afin de vous donner un coup de pêche quand tout semble fini.

Développé avec ♥ et passion

Pour partager cette page :