Petite histoire de la création d’un univers

Ma formation autodidacte – partie 1

5 mai 2020

Le problème de la formation

Personne ne veut supporter le coût de votre formation. Peu importe le domaine. Tous veulent du produit fini. Votre famille le désire, car lorsque vous vous formez, c’est du temps que vous ne passez pas avec eux, ramener un salaire ou construire l’histoire de la famille. Votre employeur le désire, car lorsque vous vous formez, vous êtes un poste de coût qui ne rapporte rien à l’entreprise (au mieux, vous êtes un investissement). La personne en formation est un poids que personne ne veut soutenir. C’est pour cela qu’il faut autant de volonté pour apprendre. C’est pour cela qu’un petit groupe de la population et bien formée. C’est également pour cela que l’État supporte cette charge dans beaucoup de pays industrialisés dans l’espoir de grandir les rangs des citoyens formés. En cette courte analyse, je vous présente mon constat : personne ne veut supporter le coût de votre formation. Alors si vous-même ne le voulez pas, personne ne le voudra.

Devenir écrivain demande de maitriser l’orthographe, la grammaire, la création de scénarii et de personnages, la connaissance de thèmes en profondeur et la conception de dialogues accrocheurs et véritables, mais aussi les ficelles d’une bonne narration. Aussi, il est pratique d’avoir une culture générale, de connaitre certaines règles de la physique et d’avoir un penchant pour l’architecture. La formation de base est donc longue par essence. Si l’on rajoute à cela l’apprentissage à travers l’expérience et la théorie pour savoir comment lier tous ces éléments ensemble d’une façon inédite, il y a du travail.

Tout ce travail pour ne pas être sûr d’en avoir un.

En effet, même en maitrisant tous les points ci-dessus ou en déléguant une partie, les débouchés sont si incertains que la plupart renoncent d’entrée à en faire une profession. Pour moi, c’est la raison qui pousse notre société à voir les métiers de création comme un simple loisir : trop de risque et d’incertitudes y sont associés.

Mon cerveau d’économiste saisit une partie de ce mécanisme qui entoure le milieu de l’écriture : cet élitisme est une conséquence du modèle économique de la littérature et non le contraire. C’est le cas dans beaucoup de métiers de la création.

Cependant, mon cerveau de scribouillard s’accroche de manière irrationnelle à ce rêve de gamin. Il est donc vain de parler d’économie, d’investissement ou encore de faire fortune, tous le disent. Alors après, est-ce que c’est vrai ? J’ai tendance à penser qu’il n’y a jamais de fumée sans feu : les rares exceptions ne confirment pas la règle.

Dès lors, un des grands défis de ce projet littéraire est de parvenir à marier ces deux cerveaux pour qu’ils amènent de la pérennité sans entacher la passion. Je les conçois en équilibriste : le fil tendu sur lequel avance ma réflexion s’allonge à mesure que l’équilibre est maintenu. 

C’est pourquoi, je pense que de témoigner sur les coulisses, notamment la partie économique, se doit d’être traitée. Une approche saine et sans tabous de l’argent au sein d’un projet littéraire permet de le faire vivre. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité littéraire et de l’œuvre finale. 

J’y reviendrai par la suite lorsque j’aurai plus d’éléments en main.

Les écrivains, une élite à part entière.

À la base, vous l’aurez compris (vécu ?), il y a une grande barrière à l’entrée pour devenir écrivain. Pour « percer ». Ma courte réflexion exposée ci-dessus pondère les risques et profits avant de se lancer avec des ressources limitées. Souvent mal perçues dans les métiers de la création (bien que cela change), des connaissances de base d’économie permettent de conserver une certaine indépendance. De mon point de vue, ce mécanisme de tabou entretenu autour des « affaires courantes » de la littérature ajoute un étage à cette barrière quasi hermétique au succès.

Issu d’une famille modeste sans grand réseau et ressources financières, décentralisé de Paris (je viens de la province, de la province, de la province : un village Suisse), j’emprunte cette voie par obligation — mais aussi, car je dispose des compétences préalables en économie. La décision de témoigner et aussi de prouver que c’est possible, juste en exposant les faits. Ainsi, en évitant de parler du sujet économique, je censure une partie de mon vécu sur le terrain. Point. 

Revenons à la question qui nous intéresse dans ce chapitre: la formation.

«Do Things that Don’t Scale», disait Paul Graham en juillet 2013. Voici donc les premières références du domaine des startups. Il faudra vous y habituer, car elles constituent une partie de mes connaissances et de mon expertise professionnelle. Je suis désolé pour ceux qui ne maitrisent pas l’anglais, mais je vous propose de copier-coller le texte sur Deepl pour en connaitre le contenu. En très résumé, pour faire décoller un projet, il faut faire des actions qui ne peuvent pas être réalisées à grande échelle au départ. De mon point de vue, c’est le cas pour l’écriture. En partant de rien, il faut passer par une période d’apprentissage et d’échange avec quelques personnes sélectionnées pour ensuite imaginer plus grand si cette étape est franchie avec succès : il est impossible d’éviter ou d’automatiser cette étape.

Écrire mon premier récit au plus vite.

Pour prouver que je pouvais devenir écrivain — à moi-même, mon entourage et mes futurs lecteurs — rien de mieux que de sortir un premier récit. Cela parait trivial, mais beaucoup manquent cette étape. Durant ma réflexion autour de l’utilisation de ressources limitées pour réaliser ce premier récit, j’ai fait une liste pour me permettre d’atteindre cet objectif au plus vite (relectures et corrections comprises — un brouillon ne compte jamais).

 En travaillant dessus à 100 %: là, les rentiers et les retraités possèdent un avantage, mais il y a aussi les acharnés/passionnés qui enchainent travail à temps plein et implication dans l’écriture à 100 %. 

— Commencer avec une nouvelle : un récit plus court, plus simple et avec un ou deux personnages permet d’atteindre l’objectif du premier récit.

 En montrant une grande facilité ou un talent: cas très rare, cela explique l’apparition des prodiges, même si plus j’avance, plus j’ai de la peine à y croire : derrière le mot prodige se cachent souvent une réalité économico-sociale confortable, du travail et des sacrifices durant la jeunesse. De plus, montrer une prédisposition pour un domaine permet de construire sa voie/vie autour de celui-ci. Le phénomène de prodige est, pour ma part, plutôt la création d’un cercle vertueux.

 En publiant un succès commercial dès le départ. Cas très rare, il y a un facteur chance énorme ici : impossible à orchestrer, même par des professionnels. Cette solution positionnerait l’auteur dans une situation entre le rentier du point 1) et le prodige du point 2). 

 En mobilisant un maximum ses ressources personnelles déjà présentes. Les connaissances et les différentes expertises acquises durant la vie. Ceux qui possèdent un vécu riche partent avec un avantage ici.

 En se dotant d’outils pour accélérer la production du récit. Ceux qui maitrisent les applications d’écriture, de scénario ou simplement le traitement de texte sur ordinateur détiennent un avantage.

Mes chances de parvenir à mes fins ?

Lorsque j’ai écrit le premier jet de L’Épopée de Lars & Aatos, j’étais dans une situation de stress et de manque de temps terrible. Gardez juste en tête que je n’avais pas de temps, pas de réseau professionnel et pas de ressources financières familiales. C’est pour cette raison que j’ai développé la petite liste du dessus : je voulais mettre en valeur mes chances de réussite. Mon idée était de pouvoir prendre tous les raccourcis possibles pour sortir un premier récit qui tient la route. À nouveau, j’insiste, cela est un point important. Une fois cette étape de la première œuvre terminée, vous avez montré que vous êtes capable d’aller au bout de quelque chose : pratique pour prouver votre détermination. Nous y reviendrons par la suite également. Je constate juste que nous perdons beaucoup d’aspirants écrivains à cette étape et c’est pourquoi je me permets de le répéter (je le répète aussi pour moi lorsque j’ai envie de passer à autre chose…). 

Résultat de la réflexion

Travail à 100 % : J’ai écrit dès que j’avais une minute, j’y ai pensé tout le temps. Je considère avoir travaillé à 100 % durant toute la phase de création, d’écriture et de relecture de L’Épopée de Lars & Aatos.

Mes ressources personnelles sont la montagne de livres que j’ai avalée et mes nombreuses influences artistiques. Voilà plus de 17 ans que j’accumule un savoir inutilisé, c’est le moment de le sortir. Pour vous donner une sensation ressentie: c’est comme si un trop plein était présent en moi et que je commençais à déborder de partout. L’Épopée de Lars & Aatos est donc le résultat de l’accumulation de références qui dégoulinaient le long de mon esprit mélangé à mes expériences de vie.

Ma méthode de travail concernant l’écriture est celle que j’ai développée durant mes différentes expériences professionnelles: à l’armée, nous étions très WaterFall et dans mes projets technologiques, c’était plutôt la méthode lean-startup et Agile qui faisait foi. Je ne vais pas épiloguer sur ces méthodes. Il vous suffit de chercher sur le net. Sachez simplement que j’ai utilisé un doux mélange de ces deux méthodes. Pour planifier la vision à long terme et la structure solide, la méthodologie WaterFall a été utilisée. De manière concrète, pour l’écriture, ce fut plutôt le lean-startup pour terminer le récit.

Je me suis doté de bons outils d’écriture, adaptés à ma vie, car les seuls moments disponibles pour écrire étaient les temps morts : file d’attente, les transports publics et les toilettes. Mon outil principal pour sortir le premier jet a donc été mon téléphone portable. Après avoir téléchargé les applications Scrivener et Story Planner, je me suis lancé. Huit mois plus tard, mon téléphone avait enregistré un scénario de 80 pages Word sur Story planner et Scrivener contenait un récit de 64 879 mots. Je suis passé ensuite sur l’ordinateur, tôt le matin, les soirs et les weekends pour la relecture et la correction.

Cette dernière étape sera mieux décrite dans le chapitre suivant. En outre, je vous donnerai plus de références qui m’ont permis d’améliorer mon style, ma narration, la conception de l’univers et ma capacité à créer des intrigues. 

 

Développé avec ♥ et passion

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