Petite histoire de la création d’un univers

La lecture, ce socle de l’écrivain.

19 avril 2020

Prendre le temps de lire. Beaucoup.

 Les transports publics ont changé ma vie. Vivant dans un petit village à une heure de bus de mon école, j’ai pu prendre le temps de lire autant de livres que ma curiosité me le permettait. Je me rappelle, avec nostalgie, cette période vorace de lecture qui a duré cinq ans : je sortais de ma librairie préférée, du haut de mes seize ans, avec une pile de livres dans la main. Semaine après semaine, c’était toujours le même rituel. Une partie de mes gains de poker sont passés dans cette passion dévorante : le meilleur investissement que l’on peut faire dans une vie.

Je m’asseyais dans le bus, musique sur les oreilles — le type de son qui permet de parcourir un récit et de lui donner une dimension supplémentaire. J’ouvrais le livre qui m’avait le plus excité en premier : souvent un nouvel ouvrage d’un de mes écrivains adorés.

Puis je plongeais. Pendant une heure. Pour ressortir à l’arrêt de bus de mon village, juste avant le terminus de la ligne. Parfois, je m’endormais, la fatigue de la journée prenant le dessus, et faisait écho à la qualité médiocre de l’écrit. Parfois, je continuais ma lecture jusqu’à des heures tardives, preuve que l’auteur avait réussi à concevoir une immersion étanche à la vie réelle. Après un décompte grossier, ces habitudes de lecture m’ont amené à lire deux mille cinq cents ouvrages (80 % en français, 15 % en anglais et 5 % en allemand) en seize années. Un jour, lorsque j’aurais le courage et que je trouverais le temps, il faudrait que je liste mes lectures. Du moins, celles qui ont marqué des tournants dans ma vie de jeune homme. Je considère que cela a été la première pierre de l’édifice de ma construction d’écrivain.

Par la suite, en écoutant les interviews de certains de mes auteurs favoris, je me suis rendu compte que, dans la grande majorité des cas, la passion de la lecture allait de pair avec l’écriture. Oui, vous l’aurez compris. Je suis aussi de ceux qui pensent qu’un grand cuisinier doit aimer manger pour créer de véritables plats avec passion.

Mon socle pour devenir écrivain s’était déjà constitué à mon insu. Cela n’a donc pas été bien difficile de passer « de l’autre coté » …

Un bruit de porte : toc toc !

— Oui ?

— C’est l’ironie, je peux entrer ?

Développé avec ♥ et passion

Pour partager cette page :